UN LECTEUR REAGIT SUR LES GILETS JAUNES ET L'EUROPE
LES GILETS JAUNES
Ton analyse du problème « gilets jaunes » est malheureusement pertinente et réaliste. Tu me retrouveras sans surprise dans la cohorte des démocrates inquiets et pessimistes.
Les médias ont oublié ou répudiée le devoir, naguère sacré, de l’information, riche du noble souci d’éclairer (et parfois d’orienter) les lecteurs. Et se sont réfugiés dans le culture de l’émotion, en ne privilégiant que ses deux mamelles principales, l’indignation et la dérision. Les autre préoccupations, plus la plupart périmées, ne garantissent ni l’audimat, ni la vente du papier. Il faut donc penser alimentaire, c’est élémentaire.
Quelles solutions pour nous maintenant? Développer un organe de presse garantissant la rectitude et l’exhaustivité d’une information non manipulée, dépendant donc de la collectivité populaire, et par conséquent du pouvoir qu’elle élit pour la représenter. Je suggère comme titre « la Vérité », qui, sous d’autres latitudes, se traduisait en « Pravda ». Le résultat en est facile à lire dans l’histoire. Ou alors un régime fort et démocratiquement élu, exerçant une censure bienveillante et veillant à l’équilibre des informations apparaissant dans les colonnes et sur les écrans. Il s’intéresserait aussi à ce que font circuler des légions d’autoproclamés « chroniqueurs » sans métier, sans déontologie, et sans vergogne. Mais hélas fort influents, y compris et surtout sur les « réseaux sociaux ».
Au total, je redoute que nos enfants ou petit enfants ne réclament un jour un « pouvoir fort » décidé à mettre de l’ordre dans ce chaos, et s’en donnant les moyens. Nos parents ont parfois été habités de cette envie, et ont sans grand délai confié leur destin à un brave Maréchal irréprochable et rassurant. Leurs voisins avaient fait un choix qui depuis 1933 avait semblé salutaire….
L’EUROPE
Je partage ton analyse sur la résilience du dispositif,. Et la cohérence des attitudes face au Brexit est en effet réconfortante. Les Anglais nous auront sans doute rendu un grand service, et je m’amuserais fort de voir la croix de Saint Patrick, voire celle de Saint André quitter « the flag of the Union ». Ce n’est pas invraisemblable, et nous serons renseignés sous peu.
Sur le destin de cette Union, l’histoire nous donne des points de vue méritant un examen qui pourrait inspirer. Grâce à la France (ainsi ruinée) treize colonies anglaises ont conquis leur indépendance, après avoir rédigé et adopté une Constitution commençant par « We the People.. » La victoire était tout juste consacrée que certains rugissaient et réclamaient un texte débutant par « We the States ». Débat des souverainistes (Républicains) contre les Fédéralistes (devenus les démocrates). Hamilton, rédacteur de la Constitution et célébré en effigie sur le billet de 10 US$ fut ainsi tué en duel sur cette question par Aaron Bur, Vice Président des USA.
Pour décider si le pouvoir était principalement à Washington DC, ou à Atlanta, il leur a fallu la guerre la plus meurtrière de leur histoire, et la victoire des Fédéralistes du Nord, 87 ans plus tard comme l’a expliqué Lincoln à Gettysburg.
Ce que tu appelles de tes vœux est raisonnable et souhaitable. J’espère que nous y arriverons sans une guerre entre les Etats européens, mais je redoute que ce soit impossible sans une crise dont nous n’avons pas encore vu les débuts, ni imaginé la gravité. Jean-François Kahn auquel je soumettais l’été dernier cette observation n’en divergeait en rien. Nous verrons…
Au total, je suis inquiet si ce n’est défaitiste, et ton texte n’aura pas restauré mon moral. Mais les amitiés demeurent et seront inébranlables. N’est-ce pas l’essentiel ?
Jean-Paul NERRIERE