UNE HISTOIRE DES MIGRATIONS VOUEE A LA VIOLENCE ET L’IMPUISSANCE

Ce post n’a pas pour objet de commenter la loi récemment adoptée au Parlement sur l’immigration mais d’insérer ce sujet dans un cadre plus large - Les mouvements de population – dont l’immigration n’est qu’une partie. Ces mouvements sont un des fondements de l’Histoire de l’humanité. Ils résultent  de guerres, de politiques de peuplement, d’annexion de territoires, d’actions de colonisation.

Ainsi les conquistadores après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et Amerigo Vespucci. Ils furent sans doute perçus comme des émigrés par les indiens avant que ceux-ci découvrent des envahisseurs bien décidés à les exterminer.

Au 19 ème et 20 eme siècle, les pionniers du nouveau Monde ouvrirent les pontons d’Ellis Island aux européens dans la misère (grecs, italiens, irlandais  notamment) à charge pour eux de peupler les vastes territoires du grand ouest américain. Une politique volontaire de peuplement là aussi accompagnée de massacres des populations autochtones. La colonisation de l’Australie par les Britanniques avait emprunté une démarche similaire, avec sa cohorte de victimes aborigènes.

 Après la première guerre mondiale, les empires austro- hongrois et ottoman furent disloqués. Il s’en suivit de gigantesques migrations des populations concernées vers leur terres d’origine devenues des Etats. Cette transhumance ouvrit de nouveaux conflits et se paiera de centaines de milliers de morts, restés dans l’ombre de la Grande Guerre.

 En 1947, la partition de l’Inde fut suivie de la création de deux nouveaux Etats : le Bengladesh à l’est de la péninsule indienne et le Pakistan  à l’ouest pour permettre le regroupement les populations selon leur appartenance religieuse hindoue ou musulmane. Migration forcée également accompagnée de massacres quand les colonnes  de migrants se croisèrent sur la même route.

Les harkis, français d’origine algérienne qui ont soutenu   la France dans les rangs de l’armée française lors de la guerre d’Algérie ont au moment de l’indépendance été pauvrement accueillis dans des camps de façon indigne par rapport à leur engagement. Encore la violence.

Premier enseignement de ce coup de projecteur historique : Ces mouvements de population   se sont déroulés dans la violence ou  des formes d’anarchie résultant d’un impossible contrôle des événements.. Est-ce une fatalité inéluctable de toute migration ? Les mouvements actuels peuvent ils y échapper ?  

Les mouvements de population actuels en particulier en provenance d’Afrique ont des causes qui échappent quasiment à tout contrôle : l’évolution démographique tout d’abord dont les courbes sont longues à inverser :  croissance  forte d’une population très jeune  en Afrique ; déclin démographique en Europe où le renouvellement de la population n’est plus assuré. A ceci s’ajoute un accroissement des écarts de richesse, également peu maitrisables, entre une Afrique loin d’un développement économique durable et un Occident aux perspectives économiques fortes,  où la part des riches est de plus en plus visible. La combinaison de ces facteurs amplifiée par les réseaux sociaux poussent les jeunes africains à tenter  à tout prix  l’aventure de l’exil pour rejoindre un eldorado dont la face sombre leur est cachée. Nos pays civilisés et vieillissants  n’ont ni la force de traiter avec humanité et efficacité les « boat people »  en Méditerranée ni la volonté de les accueillir.  Il nous manque la force d’âme face à des aventures extrêmes de réfugiés qui s’enferment dans des conteneurs maritimes au risque de périr asphyxiés ou qui traversent les océans assis sur une plateforme minuscule battue par les vagues à deux pas du safran. (Voir photo).

Ces phénomènes subis se combinent à des orientations choisies. Dans une étude récente, le MEDEF estime le besoin de salariés étrangers à 4 millions d’emplois d’ici à 2050 « à modèle économique inchangé ». Comprendre : sans augmenter fortement les salaires et améliorer les conditions de travail des français qui refusent les emplois concernés.

Enfin, le réchauffement climatique connait une accélération que nos experts n’ont pas prévue et sera là aussi très difficile à maitriser. Des réfugiés climatiques apparaitront en Europe à terme rapproché, résultat  de la sècheresse croissante qui amplifiera les arrivées de migrants en provenance d’Afrique . Par ailleurs l’augmentation du niveau de la mer est à nos portes. Les Pays Bas et la Belgique qui ont gagné des territoires sur la mer avec la création de   polders pourront ils gérer ce phénomène ? Le port de Rotterdam, premier d’Europe, a -t-il encore un avenir ?  Nos amis bataves et d’outre - Quiévrain viendront ils grossir les rangs des réfugiés climatiques provenant des iles du Pacifique ?

Ces facteurs puissants dont la maitrise est très incertaine sinon impossible appellent à la modestie.  Pourra -t- on faire autre chose que les gérer à la marge. Notre impuissance saute aux yeux quand on sait que plus d’une vingtaine de textes de lois sur l’immigration ont été adoptés depuis les années 80 sans résultat à la hauteur des espérances.

Alors que faire ?

-         Condamner l’hystérisation du débat politique qui a instrumentalisé la question migratoire à des fins de conquête du pouvoir, ce qui a entravé la recherche de solutions efficaces.

-         Redéfinir la politique européenne sur les migrations qui est insuffisante car les états veulent garder la main sur ces politiques. L’Europe est un niveau nécessaire de traitement de ces sujets qu’affrontent tous les pays d’Europe.

-         Admettre qu’on n’échappera pas à la poursuite de la croissance des migrations qui répond aussi à nos besoins.

-          Concentrer nos forces sur la lutte contre l’extrémisme islamique et sur la bonne intégration des migrants. L’extrémisme islamique est alimenté par la mauvaise intégration des musulmans. Réaffirmer corrélativement notre attachement aux racines chrétiennes de la France et de l’Europe. Rester fidèles à nos valeurs d’humanisme et de respect du droit.

-         Rester unis et solidaires dans la tempête.

Le débat est ouvert. J’espère vos réactions. Amitiés

Edouard