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LE LOBBYING: DEFENSE ET ILLUSTRATION

Contrairement à ce qui est généralement prétendu, ou sous-entendu, le lobbying n’est pas une pratique anti-démocratique et quasi frauduleuse, mais au contraire, à condition de s’entendre sur sa définition, une phase supplémentaire dans la construction de la démocratie, et c’est ce que nous allons démontrer.

Faire du lobbying consiste à plaider, à la manière d’un avocat, auprès d’une autorité, au moyen d’arguments de droit ou de fait. Cette autorité peut être décisionnaire –un ministre, un préfet, un maire etc… ou seulement impliquée dans la préparation de la décision – un conseiller, un fonctionnaire – ou encore l’un des acteurs de la décision collective– typiquement, un député. Il a alors le pouvoir d’influencer la décision finale.

Cette pratique n’a rien à voir avec certaines méthodes classiques d’influence : en premier lieu, la corruption, qui consiste, au lieu d’argumenter, à offrir de l’argent ou des cadeaux à l’autorité décisionnaire, ou à celui qui pourra l’influencer. Cette pratique est courante à travers le monde, mais n’est en rien du lobbying. De même, le lobbying se distingue du conflit d’intérêt : dans ce dernier cas, pour influencer la décision, on rémunère l’expert ou le chercheur (ou on le « tient » d’une manière ou d’une autre) ce qui va ainsi faussement « éclairer » le décideur ; ou bien on recrute un membre du réseau auquel appartient l’autorité décisionnaire - réseau dont cette autorité a besoin pour exercer son mandat - ou encore pour « pantoufler » après l’exercice de celui-ci. Autre attitude qui n’est pas du lobbying : menacer l’autorité de mesures de rétorsion si l’on est puissant : on dit que Monsieur Boussac téléphonait au Ministre des Finances quand ses services voulaient l’obliger à payer ses impôts, menaçant de ne pas faire courir ses chevaux aux courses les dimanches suivants. Il obtenait ainsi de bons résultats. D’autres menacent de fermer l’usine si l’on fait appliquer les normes, de délocaliser si on oblige à payer les charges etc…

Argumenter est une tout autre pratique : elle oblige à apporter des éléments d’information, à entrer dans une discussion, et à prendre en compte l’intérêt général, en faisant émerger des solutions – par exemple des amendements - qui permettent d’équilibrer les conséquences positives et négatives de la décision. C’est alors de démocratie participative qu’il s’agit.

Rappelons que le lobbying est une activité réglementée, par les Parlements et les administrations, ou guidée par les chartes adoptées par les associations professionnelles de lobbyistes. Les textes qui l’encadrent prévoient notamment la transparence : il faut indiquer qui est le mandant du lobbyiste - lequel est enregistré comme tel -, de qui il dépend (ses actionnaires…), combien il dépense… Du côté de l’autorité décisionnaire, les textes l’obligent à indiquer qui elle a rencontré, combien de fois, et, s’agissant de la Commission européenne, à rechercher quels autres représentants d’intérêts doivent être consultés, par exemple des ONG ou des experts.

Le problème réside plutôt dans la mauvaise application qui est faite de ces textes d’encadrement - le contrôle n’existe guère – ou encore et surtout dans la faiblesse des autorités face aux grandes entreprises ou aux puissants, que dans le concept même de lobbying.

Martine BERLET

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