LES NAUFRAGES D'INISHBOFIN de JEAN-MARC BOURDET
« Le Tonnerre » bâtiment de projection et de commandement de la Marine nationale appareille pour une mission de plusieurs mois. Deux nouveaux venus viennent d’embarquer : Pierre, l’aumônier du bord surnommé « Padre », ancien avocat et Ludivine jeune quartier-maitre muette et musicienne. Ils viennent s’inventer une nouvelle vie en mer qui leur ferait oublier les souffrances de l’ancienne. Des personnages forts et hauts en couleur qui feront leurs classes en se frottant à d’autres personnalités singulières : le commandant, le capitaine d’armes autour desquels la vie s’organise.
L’histoire est mise en abyme avec un second récit qui met en scène dans le village d’Inishbofin situé dans la splendide région du Connemara en Irlande des personnages forgés par les contes et légendes celtes, les elfes, le whisky à la tourbe dans une ambiance encore marquée par les combats entre l’IRA et les unionistes même si les armes se sont tues. Le BPC est appelé à une escale à Inishbofin. Ludivine est prise une arme de guerre à la main dans un assassinat : manipulation soigneusement orchestrée dans un règlement de comptes entre factions indépendantistes et unionistes toujours actives. Padre organise la défense de Ludivine avec laquelle il a noué une relation filiale. Il remonte aux origines de l’arme qui était à l’inventaire d’un sous-marin français disparu mystérieusement dans les eaux irlandaises 40 ans plus tôt. Les fils se nouent entre les deux histoires, la mise en abyme arrive à son terme. Qui est responsable du crime ? Le dénouement lors d’une fête dans un pub, digne d’un final d’opéra, combine passions politiques et amoureuses, haines recuites entre les irlandais Padraig, Bridget et Stephen. Morrigan, mi-femme mi-sorcière et messagère de la mort, apparait précédée d’un envol de plumes de corbeau quand les destins doivent s’accomplir.
L’auteur met sa passion de la mer au service d’une écriture enthousiaste et directe qui porte le lecteur grâce à une intrigue savamment maitrisée. La mer est présente à toutes les pages. La vie sur « le Tonnerre » est présentée avec ses règles, ses us et coutumes, son ambiance, les liens faits de rigueur et d’humanité entre officiers et hommes d’équipage. Irishbofin est au cœur des tempêtes d’hiver qui éclaircit les rangs de pêcheurs et de cette lumière si spéciale filtrée par la mer qui nourrit les poètes et les contes d’Irlande.
Edouard BERLET
