L'accord européen aurait-il été possible sans le Brexit ?
L’union européenne vient d’accoucher dans la douleur d’un accord historique pour deux raisons :
L’ampleur inédite des montants décidés (750 milliards d’euros) sous forme de subventions et de prêts en réponse à l’importance des besoins liés à la crise du Covid.
L’approche fédéraliste de ce plan qui résulte de la possibilité accordée à la Commission européenne de lever des fonds sur les marchés pour financer des projets des Etats membres en retenant des clés différentes entre la part de chacun dans la souscription de l’emprunt et celle retenue pour l’allocation des ressources. Une forme innovante de mutualisation des dettes qui faisait l’objet d’un désaccord entre les 27 Etats membres.
La forte unité franco-allemande a été décisive dans cet accord. Mais celui-ci aurait -il été possible sans le Brexit ? On peut en douter. Selon un schéma diplomatique qui remonte loin dans l’Histoire, la Grande Bretagne a toujours joué un subtile jeu d’alliance avec la France ou l’Allemagne pour éviter de se trouver isolée face à un axe continental entre ces deux pays. Elle aurait sans doute déployé ses talents pour éviter à nouveau celui-ci. D’autre part les britanniques ont toujours exprimé une hostilité de principe au développement d’un fédéralisme européen. Elle aurait vraisemblablement rallié sinon piloté le camp des « frugaux » (Pays- Bas, Danemark, Suède, Autriche ) qui refusaient le projet d’accord avant de monnayer leur ralliement. Ce groupe lesté du poids de la Grande Bretagne était alors en mesure de faire capoter cet accord.
L’Union européenne touche là un premier dividende substantiel du Brexit. Un peu de soleil dans l’eau froide. Elle retrouve la dynamique de ses origines quand l’axe franco-allemand jouait à plein. Réjouissons-nous.
Edouard