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L'EVOLUTION DU MONDE ET L'EGLISE


pour Laurence TEULIERES

A partir du cas de Jean Vanier, le débat se prolonge… Les remarques sur la désaffection des jeunes à l’égard de la religion m’interpellent tout particulièrement. Je pense que nos sociétés matérialistes et individualistes, le refus de toute norme morale, la pensée profondément anti chrétienne véhiculée par la plupart des médias, la frénésie de la vie professionnelle ou dans les loisirs, l’absence de transmission à nos enfants, l’école qui s’est substituée aux familles pour faire une éducation sexuelle limitée aux seules considérations techniques, l’absence de formation tant sur le plan spirituel que sur ce qui fonde les valeurs pour notre vie en société … autant de raisons qui expliquent la perte du sens religieux chez les catholiques, comme chez les protestants d’ailleurs.

Certes, l’Eglise ne cherche pas à être « moderne », elle ne cède pas aux circonstances et aux philosophies du moment (« une philosophie de feuilles mortes » disait le philosophe Gustave Thibon) et c’est ce qui assure sa permanence depuis 2000 ans. Le message des papes nous appelle à nous élever au-dessus de la cacophonie des opinions ; il nous invite au discernement, à la responsabilité individuelle, au respect de l’autre, en nous offrant des analyses et des réponses sur les questions qui agitent nos contemporains et ce dans le domaine spirituel mais aussi économique, social, politique, anthropologique à la lumière de la pensée chrétienne. Citons par exemple l’encyclique « Laudato Si » du pape François qui parle de l’écologie de la terre mais aussi d’écologie intégrale dans ses dimensions humaines et sociales, sujets très contemporains.

L’Eglise est-elle répressive ? Pourtant nulle fatwa à l’encontre de celui qui refuse cet enseignement ou veut quitter l’Eglise, de même qu’aucun certificat de bonne conduite n’est exigé d’un couple qui demande le mariage, ni de preuve de la virginité de la future mariée comme dans d’autres religions !

Enfin, je terminerai par une note d’optimisme. Pour prolonger le succès des JMJ (2 millions de jeunes à Cracovie dont 35 000 français), les paroisses proposent aujourd’hui une offre de mouvements variés qui réunissent régulièrement des centaines de jeunes en quête de spiritualité et de réponses à leurs interrogations. Citons dans le domaine spirituel et philosophique les groupes EVEN et les parcours Alpha, ou les Bâtisseurs qui étudient la doctrine sociale de l’Eglise. Certains veulent s’engager dans des actions concrètes envers les plus fragiles dans les maisons Lazare ou en allant à la rencontre des gens de la rue avec les maraudes des paroisses, sans parler de ceux qui consacrent un ou deux ans dans les pays les plus pauvres via FIDESCO ou les Missions Etrangères… Ces mouvements rencontrent un grand succès et ce sont ces jeunes qui assurent un renouveau dans l’Eglise. Certes, l’hirondelle ne fait pas le printemps mais l’Espérance n’est-elle pas une vertu chrétienne ?…

Selon Martine BERLET

Admettre que nos sociétés sont matérialistes et individualistes, c’est déjà admettre un échec très grave de l’action de l’Eglise en leur sein : de la chrétienté triomphante du Moyen Age, à la très large majorité des français pratiquant la religion catholique après la dernière guerre, nous sommes arrivés en 50 ans à une « société matérialiste et individualiste ». Est-ce la faute de « nos sociétés » de l’Eglise ou des deux ? L’Eglise ne fait-elle par partie de nos sociétés ? N’avait-t-elle pas un rôle important à jouer ? Elle avait la chance de posséder une longue histoire, une place reconnue, la possibilité de gérer des écoles, collèges, lycées et universités, d’enseigner sa doctrine au sein des nombreuses aumôneries, de bénéficier d’une spiritualité installée, traduite et chantée par l’art occidental pendant des siècles, y compris après la Révolution des Lumières, par nombre d’écrivains et de poètes, tels Victor Hugo, Charles Péguy, Paul Claudel ? Qu’en a-t-elle fait ?

La réalité de l’Eglise d’aujourd’hui n’est pas prometteuse. Les parcours Alpha, créés et proposés par une groupe de fidèles laïcs, ont le plus grand mal à s’installer dans les paroisses car les curés n’en veulent pas. Le baptême est refusé aux enfants de couples non mariés, certains divorcés remariés se présentent à la communion (dans ma paroisse par exemple) les bras croisés sur la poitrine pour montrer leur acceptation de ne recevoir qu’une bénédiction au lieu de la communion. Les mouvements de jeunes ne suffisent pas à installer les jeunes dans la foi. Comme nombre d’adultes nouvellement baptisés, ils ne poursuivent pas leur chemin de foi au sein de l’Eglise. Le nombre de prêtres ne cesse, depuis l’année 1934, de baisser, année après année. Les nouveaux séminaristes se réfugient dans une attitude défensive - soutane et col romain- qui n’augure pas d’une grande audience. Car évangéliser signifie « aller parmi les nations » et donc parler leur langue, entrer dans leur culture et leur philosophie, pour se faire entendre. Et la philosophie des droits de l’homme, qui certainement fait du tort à la doctrine actuelle de l’Eglise, ne peut être considérée comme une mode : elle imprègne depuis longtemps toutes nos institutions, au moins officiellement, y compris à l’échelle internationale. Et elle pourrait légitimement être revendiquée par l’Eglise comme étant directement issue de l’Evangile…

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