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BAS LES MASQUES !

BAS LES MASQUES

Dans un contexte de crise de l’ensemble du secteur hospitalier la pénurie de masques sanitaires a fortement frappé les esprits. Celle-ci a particulièrement affecté les combattants de première ligne dans la bataille du covid (infirmiers, urgentistes). Le démantèlement du stock de masques constitué il y a une dizaine d’années a résulté d’une politique de la santé donnant la priorité à une gestion plus comptable des hôpitaux conduisant à une diminution des coûts, la rentabilisation des actes et des équipements hospitaliers. Le maintien et le renouvellement coûteux d’une réserve stratégique d’environ un milliard de masques constituée dans l’attente d’une éventuelle et imprévisible épidémie n’a pu être justifiée dans ce contexte. Le long terme incertain a été sacrifié à des préoccupations avérées de court et moyen terme. Ce démantèlement n’a fait l’objet au fil des années d’aucune levée de bouclier en particulier du corps médical pour qui les questions de santé publique n’ont pas été prioritaires. Aucun lobby n’est venu au secours de ces précieux tissus dont le maintien n’était par ailleurs assuré par aucune obligation législative réellement contraignante.

Cette situation mérite d’être comparée à deux autres dans des secteurs différents :

De façon à assurer les besoins en pétrole des administrations et de la population, une réserve stratégique a été constituée en 1992 permettant de couvrir de l’ordre de trois mois de consommation nationale. Cette règle résulte d’une directive communautaire définissant les niveaux de cette réserve dans les différents Etats membres, accompagnée de lois nationales. Des zones de stockage sont ainsi disséminées dans toute la France. Seuls les pouvoirs publics peuvent décider de l’utilisation de cette réserve pour des raisons de défense ou de crise. Ainsi ont-elles été utilisées lors de grèves dures dans les raffineries, pouvant conduire à des pénuries de carburant à la pompe.

D’autre part , Le général de Gaulle a décidé dans les années 60 de doter la France de l’arme nucléaire dans le cadre de sa politique d’indépendance nationale. Elle a été conçue à des fins d’intervention militaire (ex : les sous-marins nucléaires d’attaque) ou de dissuasion (ex sous-marins nucléaires lanceurs d’engins). Dans ce dernier cas, l’idée est de dissuader l’adversaire d’une attaque nucléaire en le convainquant que le niveau de dommages qu’il encourt en cas de riposte du même ordre ne justifie pas le recours à la force. IL ne s’agit donc pas d’une arme d’emploi Depuis plus de 50 ans, ce dispositif nucléaire couteux a été maintenu pour l’esentiel par tous les gouvernements successifs qui ont préservé la priorité et la doctrine de dissuasion, sans que les armes nucléaires aient jamais été utilisées, conformément à leur vocation.

Ces deux exemples attestent de notre capacité à constituer des « réserves stratégiques » couteuses pour faire face à des situations rares, imprévisibles et aléatoires (conflit militaire grave, pénurie d’énergie) dans des secteurs vitaux de la vie collective.

Pourquoi cela n’a-t-il pas été le cas pour les moyens de lutte contre les épidémies (masques, tests..) qui ont les mêmes caractéristiques ?

Avons-nous collectivement fait le choix plus ou moins conscient de privilégier la protection de la position stratégique de la France ou notre capacité à faire rouler nos chars et nos voitures par rapport au maintien de notre capacité à nous défendre contre un virus mortel ? Libre à chacun de se prononcer. Nos mécanismes profonds de décision (rapports de force internationaux, considérations de politique intérieure, rôle des lobbies etc.., ) ont en tout cas conduit à ce résultat.

Il serait sage de faire adopter une loi contraignant à un calcul objectif conduisant à la définition d’un besoin en masques et autres dispositifs sanitaires vitaux maintenus en réserve stratégique et sanctuarisée au plan budgétaire.

EB

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