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JEAN VANIER...MALGRE TOUT


Jean Vanier, créateur de la communauté de l'Arche, a fait l'objet de dénonciations de plusieurs femmes pour comportement abusif à leur égard. J’ai tellement d’admiration et d’affection pour lui et pour les personnes exceptionnelles dont il a su s’entourer, et par-dessus tout pour l’œuvre magnifique qu’ils ont ensemble accomplie, que je le vois aujourd’hui comme une victime : une victime de la perversion sexuelle sur laquelle l’Eglise catholique – comme les religions en général – a fondé ses pratiques. Perversion, l’une des définitions qu’en donne le Larousse est : « déviation des tendances normales, altération profonde d’une fonction ».

La diabolisation de la sexualité telle que le catholicisme en particulier l’a enseignée, est à l’évidence une perversion de ce type. L’Eglise, en instaurant le célibat des prêtres et des personnes consacrées, donne à croire que l’acte sexuel est en soi impur et, au sens propre, dégradant, puisque le « grade » des personnes consacrées est à l’évidence supérieur à celui des simples fidèles, même mariés. Plus tard, en interdisant la contraception, les relations sexuelles hors mariage, et l’homosexualité, elle instaure véritablement une « altération profonde » de la fonction sexuelle. Ceci est d’autant plus grave et pervers que le message central de Evangile est l’amour, et que les enseignements de la psychologie mettent en évidence le rôle puissant de la libido dans notre rapport au monde, aux autres, à nous même et à la vie.

Contraints à faire comme si leur engagement spirituel avait aboli leur libido, les prêtres et les personnes consacrées sont induits à des conduites sexuelles déviantes, dont la pédophilie est la plus grave. Se persuader que l’acte sexuel dont ils éprouvent avec honte le désir est une forme de communion spirituelle avec la personne qu’ils désirent et essayer de l’en convaincre est une tentation condamnable , mais qu’il faut resituer dans le contexte de cette perversion généralisée.

Les victimes de celle-ci sont innombrables, la gravité de leurs blessures peut se comprendre à l’aune de l’Evangile, qui, à l’opposé de ces interdictions perverties, nous prie de ne pas jeter la première pierre à la femme adultère, voit Jésus discuter avec la femme aux cinq maris, et choisir Marie Madeleine comme amie. Appliquer l’Evangile à la fonction sexuelle, ce n’est pas l’enfermer dans la l’impureté et le contrôle social, c’est au contraire magnifier l’élan vers l’autre, étayé par la pratique des valeurs évangéliques telles que le respect, la confiance, la générosité, le pardon, en un mot… l’Amour.

Martine BERLET

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