QUEL SALUT POUR LE CHANTEUR CANTAT ?
Des années après l’assassinat de Marie Trintignant par Bertrand Cantat et alors que celui-ci a purgé sa peine de prison, le débat reste ouvert : Cantat peut-il chanter en public ? Deux camps s’affrontent avec violence : pour les uns, il a purgé sa peine, qu’on le laisse faire son métier ; pour les autres, il est indécent qu’il s’exhibe et ne vive pas reclus. La dispute tourne en rond car elle est amputée d’une dimension spirituelle qui pourrait seule lui donner une issue. La sanction des crimes permet seulement de faire régler l’ordre public et de répondre au besoin de justice des citoyens. Elle ne permet pas d’effacer la faute morale. Payer ses fautes ne suffit pas toujours au pardon de celles-ci. Le cas de Cantat est emblématique car un chanteur doit susciter des émotions qui impliquent une adhésion du public à sa personne qui ne peut se dissocier de certains actes. Tous les métiers n’appellent pas cette exposition personnelle. Notons au passage que les notions d’homicide volontaire et involontaire, nécessaires en droit pour calibrer les peines sont impropres à qualifier la faute morale cachée au cœur des êtres. Que se passe- t’il dans la tête d’un homme qui frappe, dont le jugement est obscurci pas la violence ? Seule la quête de la rédemption peut mener à la conscience de ses actes. A ce jour, la doctrine chrétienne sur le pardon peut offrir le salut au bourreau et ramener la paix entre les hommes. Mais les voies de la rédemption religieuse sont de plus en plus étroites dans une société déchristianisée. Les chemins d’une rédemption laïque restent à tracer. Cantat a certes reconnu son crime devant le tribunal mais ce bref acte de contrition n’a pas suffi à lui obtenir le pardon des hommes et à expier ses fautes. Le chemin de la pénitence et de l’expiation des fautes est intérieur. Peut-on obtenir le pardon des hommes sans rechercher celui de Dieu ? Comment reconquérir sa part d’humanité, nécessaire pour vivre en paix au milieu des hommes ? Notre société sans Dieu offre-t-elle les voies de la pénitence et du don de soi qui permettraient à Cantat et d’autres de retrouver leur place et leur vrai visage? Ils ont quelques déserts à traverser avant d’y parvenir. Sauront- ils être les Saint-Jérôme et les Charles de Foucault des temps modernes qui dessineront les voies d’un salut laïc ?
EB