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Le diable au corps, de Raymond Radiguet

Le diable au corps, un grand classique de la littérature amoureuse accompagné de ses avatars plus ou moins sulfureux au cinéma et au théâtre. L’histoire est simple et tragique : En 1918 un jeune lycéen, François s’éprend de Marthe dont le fiancé Jacques, est au front. Un amour fou se développe sur fond d’incompréhensions de tous et de violence inconsciente. La guerre s’achève. Marthe meurt en mettant au monde l’enfant qu’elle a eu de François et qui sera le seul rayon de soleil dans la vie de Jacques. Le roman est arrivé jusqu’à nous enrobé d’un nuage de souffre germano- pratin. Un double scandale assure la promotion du livre à l’appui des importants efforts de l’éditeur : l’adultère commis par deux très jeunes êtres dont est victime un troisième, qui se bat pour la patrie. Ajoutons à cela que l’auteur agé de 17 ans est « l’ami » de Cocteau, qui saura frayer la voie vers la notoriété à son poulain qui meurt à 20 ans. Si on détache le livre de ce contexte électrique qui a dopé les ventes, que voit- on ? : une histoire lisse, une écriture dans un français appliqué, scolaire, souvent insipide. Mais aussi de la fraicheur matinée d’amoralité, une maturité effrayante chez un être aussi jeune sur les duperies de l’amour, ses mystères, les ressorts de l’âme humaine. Faut- il parler de talent ou de précocité du talent ? Aucun écrivain confirmé n’aurait oser risquer sa plume sur une trame littéraire aussi usée : Ils sont mariés, elle le trompe, est rejetée, tombe enceinte, meurt. Difficile de faire plus plat. Seules la jeunesse et les libertés qu’elle permet régénèrent le genre. Mais le livre a franchi les filtres du temps jusqu’à nous. La seule précocité de l’auteur ne saurait l’expliquer. C’est un livre inaccompli mais bourré de promesses, écrit par un écrivain dont la vie romanesque et tragique a laissé un sillage de feu au service de son œuvre. EB

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