LE VIEUX QUI LISAIT DES ROMANS D’AMOUR par LUIS SEPULVEDA
Roman picaresque ou fable philosophique ? : les deux mais plus encore : un bijou de la littérature contemporaine écrit par Luis Sepulveda, écrivain chilien, moins connu chez nous que les grands sud-américains, Garcia Marques, Giorgio Amado et autres. Bien injustement. Une plume brillante et précise trace la route dans l’univers touffu de la forêt amazonienne, où s’imbriquent intimement les hommes et les bêtes, la souffrance et le plaisir, la vie et la mort, dans un continuum qui est la trame même de l’existence sous ces latitudes. Antonio José Bolivar, vieil homme élevé dans la jungle découvre sur le tard la lecture et surtout celle des romans d’amour. Pas ceux écrits à l’eau de rose, ceux qui disent la souffrance, les amours désespérées et les fins heureuses. Il cherche dans son innocence la voie du salut par l’art, ou comment échapper grâce à la lecture de ses chers romans aux brutes avinées et grossières qui l’entourent, échouées aux confins du monde : de vrais personnages de roman, de ceux qui vous enchantent entre les pages des livres et qu’on fuit dans la vie réelle. Comment éviter le saccage de la jungle, dont il connait chaque secret, par ces hordes incultes
Embarqué malgré lui dans une chasse au jaguar, tueur d’un gringo chercheur d’or, Antonio cherche la réconciliation entre des mondes étrangers. Il ne la trouve pas. Alors il ôte son dentier, le range dans son mouchoir et retourne à la lecture de ses romans d’amour. EB
